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31 octobre 2008 5 31 /10 /octobre /2008 09:56

Les autorités indiennes ont commencé vendredi leur difficile enquête au lendemain de douze attentats coordonnés dans le nord-est, faisant 76 morts et 300 blessés et attribués à une rébellion séparatiste peut-être épaulée par des islamistes.

Jeudi à l'heure du déjeuner, les douze bombes ont fait un carnage en moins d'une heure dans la ville principale de l'Assam, Guwahati, cible de six engins explosifs qui ont déchiqueté 43 personnes. Trois autres départements de cet Etat reculé ont été meurtris avec une trentaine de morts.

Au total, "76 personnes sont mortes" parmi lesquelles quinze ont succombé à leurs blessures dans la nuit, a indiqué Subhas Das, le plus haut responsable administratif du ministère de l'Intérieur de l'Assam.

Les autorités locales n'avaient toujours pas reçu de revendication vendredi, mais elles soupçonnent la guérilla du Front de libération de l'Asom (ULFA), en lutte armée depuis 1979 pour l'indépendance de l'Assam, peut-être aidée par des islamistes venus du Bangladesh voisin.

"Des forces jihadistes pourraient être derrière tout cela en coopération avec des rebelles locaux", avait déclaré jeudi le chef des services de renseignement de l'Assam, Khagen Sharmna.

De fait, des groupuscules musulmans fondamentalistes ont été repérés dans la région, en particulier le Harkat-ul-Jihad-al-Islami (HuJI) basé au Bangladesh.

Ces dernières années, l'Inde est très régulièrement frappée par le terrorisme et le théâtre depuis novembre 2007 d'attentats revendiqués par un groupe islamiste local, les Moudjahidines indiens, qui ont fait 150 morts dans tout le pays, dont 24 en septembre à New Delhi.

Quant à la pire attaque jamais commise dans l'Assam, le Premier ministre fédéral Manmohan Singh a fustigé un "terrorisme barbare et lâche", mais s'est bien gardé d'accuser quiconque. D'autant que l'ULFA a vite affirmé n'être "en aucune manière impliqué dans ces explosions".

La police a commencé sa longue enquête en interrogeant une dizaine de personnes. "Nous devrions être en mesure d'identifier les gens ou les groupes impliqués", a indiqué un responsable officiel, sous le couvert de l'anonymat.

Le couvre-feu imposé à Guwahati a été levé vendredi, mais 200 habitants en colère face à l'absence de mesures antiterroristes continuaient de manifester, s'opposant parfois violemment à la police.

"Nous n'allons pas nous laisser intimider par des terroristes", a déclaré Jiban Kakoti, un résident.

Chaque attentat en Inde attise la polémique sur les carences de la politique antiterroriste de la dixième puissance économique mondiale dont les enquêtes, en général, n'aboutissent pas.

Le nord-est de l'Inde forme une enclave nichée entre le Bhoutan et la Chine au nord, la Birmanie à l'est et le Bangladesh à l'ouest. Les Etats fédérés de Manipur, Nagaland, Assam, Meghalaya, Tripura et Mizoram sont en proie à des insurrections séparatistes ou autonomiste et à des violences intercommunautaires qui ont fait 50.000 morts depuis l'indépendance de l'Inde en août 1947.

Dans l'Assam, réputé pour ses magnifiques plantations de thé à flanc de colline, les violences ont fait 10.000 morts en vingt ans.

Mais la guérilla de l'ULFA, un temps populaire, a perdu le soutien de l'ensemble de la population depuis que des attentats en ville fauchent des civils.

L'Assam, peuplé de 26 millions d'habitants, compte un quart de migrants d'autres Etats de l'Union fédérale indienne, dont 800.000 Indiens du Bihar. Les tensions inter-régionales y sont fréquentes. Un attentat attribué à l'ULFA a fait 62 morts en janvier 2007, surtout des immigrés parlant le hindi et non le dialecte local.


AFP
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