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20 avril 2009 1 20 /04 /avril /2009 19:15

NICOSIE (AFP) — Le retour des nationalistes au pouvoir à la faveur des législatives à Chypre-Nord faisait douter lundi de l'avenir des négociations visant à réunifier l'île, qui peinent déjà à progresser, après 35 ans de partition.

Le Parti de l'unité nationale (UBP, droite nationaliste) dirigé par Dervis Eroglu a remporté dimanche la majorité absolue avec 26 des 50 sièges du Parlement de la République turque de Chypre-Nord (RTCN), autoproclamée et uniquement reconnue par la Turquie voisine.

Avec 44,06% des voix, il devance nettement le Parti républicain turc (CTP/centre-gauche, au pouvoir), ancien parti du "président" de la RTCN Mehmet Ali Talat, qui ne recueille que 15 sièges avec 29,25% des voix.

Le Parti démocrate (DP, conservateur) a obtenu 10,6%, et cinq sièges. Le taux de participation a atteint 81,7%.

Selon les analystes, ce vote est une sanction infligée au CTP du fait de la crise économique, de l'absence de progrès dans les négociations de paix soutenues par l'ONU et de l'isolement continu des Chypriotes-turcs sur la scène internationale.

"Nous ne sommes plus certains de la volonté de l'opinion publique", qui s'était traduite en 2004 par un vote massif en faveur du plan de réunification de l'ONU --comme le demandait le CTP--, notait lundi le quotidien libéral Kibris.

Le "Plan Annan" avait finalement été rejeté par les Chypriotes-grecs en avril 2004, l'île divisée rejoignant l'UE une semaine plus tard.

Le bloc européen s'était engagé à mettre fin à l'isolement de la RTCN, mais il n'a pas atteint son but, un échec qui selon M. Talat a joué un rôle crucial lors des élections.

L'UBP "a profité de la déception du peuple chypriote-turc face à l'échec de l'UE et de la communauté internationale à respecter leurs engagements", a déclaré le dirigeant chypriote-turc sur une chaîne de télévision.

Il s'est cependant dit convaincu que le résultat du vote ne gênerait pas les pourparlers de paix relancés en septembre, et a insisté sur le fait que le chef de l'UBP Dervis Eroglu s'est prononcé en faveur de la poursuite des négociations après sa victoire.

"C'est un fait connu que le peuple chypriote-turc est favorable à un règlement (...) Je pense qu'il n'y aura pas de problème", a-t-il souligné.

M. Talat et le président chypriote Demetris Christofias, tous deux issus de la gauche, ont engagé depuis septembre de nouvelles négociations pour un règlement, mais sans résultat tangible.

Une nouvelle rencontre entre les deux hommes est prévue mardi à Nicosie, dernière capitale divisée au monde.

Les législatives de dimanche ne changeront pas le statut de négociateur en chef de M. Talat, mais elles pourraient limiter sa marge de manoeuvre. Au moins un parlementaire de l'UBP pourrait se joindre aux négociations.

Les analystes insistaient lundi sur les divergences de vues entre MM. Talat et Eroglu sur la "question chypriote".

M. Talat, avec le soutien du CTP, négocie un projet de fédération pour Chypre, alors que l'UBP de M. Eroglu demande une confédération de deux Etats, solution qui entérinerait la partition et qui est refusée par la partie grecque.

"Tous les regards sont tournés vers l'UBP, l'attitude qu'il adoptera dans les négociations et un référendum éventuel. Vont-ils en rester à leur politique du +pas de solution est une solution+ ou vont-ils se montrer plus réalistes?", se demande le quotidien de gauche Yeni Duzen.

M. Talat, qui a rencontré mercredi la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, s'est fixé comme objectif de parvenir à un règlement avant avril 2010, date de la prochaine présidentielle à Chypre-Nord.

Chypre est divisée depuis 1974, lorsque l'armée turque a envahi le nord de l'île après un coup d'Etat de Chypriotes-grecs soutenus par Athènes et qui voulaient rattacher l'île à la Grèce. Au moins 30.000 soldats turcs sont positionnés en RTCN.

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