Les producteurs de lait renforçaient lundi leur mobilisation, bloquant de nombreuses laiteries dans toute la France pour protester contre l'effondrement des prix du lait et faire pression sur les ministres européens de l'Agriculture, réunis à Bruxelles.
Quelque 12.000 producteurs de lait bloquaient les accès de 81 laiteries sur tout le territoire, a annoncé la fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), à l'origine de cette nouvelle journée d'actions, la deuxième en moins d'une semaine.
Selon le syndicat, la mobilisation est plus importante que mardi dernier. "C'est 4.000 manifestants de plus", a souligné un porte-parole. Toutes les régions sont concernées, sauf PACA (Provence-Alpes-Côte d'Azur) qui ne compte pratiquement pas de producteurs.
Plusieurs centaines de producteurs de lait européens manifestaient lundi à Bruxelles, pour réclamer aux ministres de l'Agriculture de l'UE des aides face à la chute des prix, lors d'un rassemblement marqué par quelques frictions avec les forces de l'ordre.
Les protestataires - 900 selon la police, 2.000 selon les organisateurs du European Milk Board, l'organisation professionnelle européenne - ont forcé en milieu de journée un barrage de police pour atteindre les abords immédiats du Conseil de l'UE où devaient se réunir les ministres, a constaté l'AFP.
Les policiers en tenue anti-émeutes ont d'abord tenté de cantonner les manifestants, venus d'une dizaine de pays de l'UE, dans un parc situé à quelques centaines de mètres du siège du Conseil.
Mais les agriculteurs ont enfoncé le barrage des forces de l'ordre, qui ont distribué en vain des coups de matraque pour les repousser.
Les manifestants, accompagnés de plusieurs dizaines de tracteurs et de quelques vaches, se sont finalement immobilisés sur un rond-point attenant au Conseil, où les ministres devaient se retrouver à partir de 14H30 locales (12H30 GMT).
Après discussion avec les organisateurs, la police les a autorisés à rester sur place.
Les manifestants, originaires principalement de France, Belgique et Allemagne, avaient auparavant traversé dans le calme et au son de cloches à vaches le centre-ville, depuis la gare du Nord de Bruxelles.
Quelques dizaines de producteurs de lait bretons ont distribué gratuitement du lait frais lundi devant l'entrée d'un hypermarché rennais, à l'appel de la Coordination rurale (syndicat agricole minoritaire), a constaté une journaliste de l'AFP.
La distribution, annoncée quelques jours auparavant dans la presse locale, a attiré plus d'une centaine de personnes munies de bouteilles en plastique vides, dont beaucoup de femmes venues avec leur bébé dans des landaus.
Les producteurs dénoncent une chute de 30% des prix en avril par rapport à l'an dernier. Ils réclament un prix de 305 euros les mille litres, contre environ 210 euros actuellement. L'objectif de cette nouvelle journée est "de montrer que la pression ne se relâche pas", a déclaré à l'AFP Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA et producteur de lait.
"J'espère que l'on va vite annoncer une réunion pour des négociations", a-t-il ajouté, insistant sur le fait que celles-ci doivent se tenir "dans un cadre national". Le gouvernement a nommé mardi dernier deux médiateurs pour sortir de la crise.
"Sur le terrain les producteurs sont excédés. Ils veulent des réponses, qu'on leur dise rapidement à court terme combien ils seront payés pour les livraisons de lait de mai et juin et à moyen terme comment on va fixer les modalités de fixation du prix du lait", a ajouté M. Lemétayer.
Les négociations se déroulaient au sein de l'interprofession au niveau national jusqu'à mi-2008. La DGCCRF a interdit cette pratique, contraignant les professionnels à discuter au niveau régional. Les producteurs français veulent aussi faire pression sur les ministres européens de l'Agriculture qui doivent se réunir lundi après-midi à Bruxelles pour voir comment les aider.
Dans la matinée, environ 900 producteurs européens ont manifesté dans les rues de Bruxelles pour réclamer des aides, répondant à l'appel de l'European Milk Board, le syndicat européen de la profession.
"J'espère que l'on va très vite revenir à un débat européen sur le dossier laitier", a déclaré M. Lemétayer qui souhaite que les ministres fassent "comprendre à la Commission européenne que la situation est intenable pour les producteurs".
En France, la mobilisation était particulièrement forte dans l'Ouest, première région laitière où "à peu près tous les sites de transformation" ont été bloqués, selon un permanent de la FNSEA, et notamment ceux des principaux groupes (Elle-et-Vire, Lactalis, Entremont, Bel et Candia). En Rhône-Alpes, les accès à la quasi-totalité des laiteries étaient bloqués, selon la FRSEA.
Aucun camion de transport ne pouvait pénétrer ou sortir de l'usine de Danone à Saint-Just-Chaleyssin (Isère), l'un des plus importants d'Europe, notamment. Idem pour les usines de Candia-Yoplait (Vienne).
Dans le nord de la France, Lactalis à Clermont (Oise) et plusieurs coopératives comme celle Sodiaal (Candia-Yoplait) dans la Somme étaient bloquées. Les grands groupes Danone, à Bailleul, et Bongrain, au Nouvion dans le Nord étaient aussi concernés.
Dans l'est du pays, en Haute-Saône, les agriculteurs ont bloqué les sites de Lactalis à Loulans et de Entremont à Port-sur-Saône.
AFP
