28 avril 2007
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Les jurés ont écarté la notion de consentement martelée par la défense. Seule la femme du trio «infernal» décrit par l'accusation échappe à la prison
A défaut d'avoir convaincu les boites de production et les directeurs de casting de son talent, Rudy (1) l'ado-star, abusé sexuellement par son coach, son amant et la partageuse du couple homosexuel aura été entendu par les jurés de la cour d'assises. Reconnu pleinement victime de viols de la part de Gilbert Boeuf, de Boris Fourcade et d'atteintes sexuelles de Sylvie (1) l'employée falote de la CRAM, il a accueilli avec soulagement le verdict. 14 ans pour Boeuf, décrit comme le « gourou » par l'accusation, 10 ans pour Fourcade désigné comme l'homme de main et 3 ans avec sursis pour la pièce rapportée de ce dossier.
Une manière pour cet ado mal dans sa peau de peut-être tourner la page. Pourtant, les deux principaux accusés auront du mal à accepter la sentence. Conscients d'avoir sans doute fauté en se livrant entre 2003 et 2004 dans leur petit appartement de Rilllieux-la-Pape à des expériences sexuelles avec un mineur de 15 ans, ils demeurent persuadés du consentement de cet ado qu'ils voient plus comme un partenaire qu'une victime.
« Ni violence ni contrainte »
Passée la plaidoirie de Me Matray pour Sylvie dont le rôle a été marginal dans cette affaire, celle de Me Aucoin pour Fourcade a intelligemment pu évoquer cette « dynamique de groupe » sans laquelle rien ne se serait passé et surtout « ce processus lent qui a conduit ce que les choses se déroulent presque naturellement ». Un glissement progressif insidieux en quelque sorte. Me Charle pour Boeuf est allé beaucoup plus loin en désignant Rudy comme « un mineur revanchard » un enfant « instable » « perturbé » dont la carrière a éclaté en plein vol. Se situant sur le terrain juridique il a surtout demandé que les faits de viols soient requalifiés en délit d'atteinte sexuelle. « Il n'y a pas eu de contraintes, de surprise, de menaces sur ce gamin demandeur qui était amoureux de son mentor ». Un exercice périlleux qui n'a pas entraîné l'adhésion du jury. La peine prononcée est en effet aux antipodes d'une certaine compréhension liée à ce que l'on a pu qualifier de « dérive conjoncturelle » .
Michel Girod
Le Progrès.fr
(1) prénoms d'emprunts