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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 12:48
091230En décembre 2008, une affreuse et fausse rumeur faisait de l'honnête ancien militant trotskiste et si longtemps syndicaliste étudiant Julien Dray une sorte d'ennemi du peuple. De bien noirs souvenirs nous revenaient en mémoire. On aurait voulu oublier les versions latines d'autrefois, les réquisitoires de Cicéron contre Verrès, ou même les tirades de Saint-Just et Robespierre ligués contre Danton et les indulgents. Et les pessimistes, au sein même de la gauche, allaient jusqu'à prédire la fin de cette si brillante, et si nécessaire, carrière politique, dévouée au service du peuple.

En juin 2009, on commença à respirer. Tout s'expliquait enfin : petit-fils d'horloger, injustement soupçonné, il collectionnait les montres de haute qualité, évidemment de grand goût, accessoirement de grand prix, comme d'autres le font, à moindre coût, avec les images de chocolat Suchard.

Fin décembre 2009, après un an d'affres judiciaires et d'hallali médiatique, son innocence devient éclatante, éblouissante. Le parquet, dépité, renonce à poursuivre. Et nos municipalités peuvent donc à nouveau subventionner SOS-Racisme la tête haute, les lycéens cotiser à la FIDL et les nostalgiques de la MNEF se regarder fièrement le nombril, assemblés en rond autour de M. Le Guen.

Ainsi, la jurisprudence Julien Dray a-t-elle créé un remarquable précédent. Il bénéficiera à l'ensemble de nos hommes politiques. Plus que tout autre citoyen, l'élu du peuple peut et doit se sentir protégé par la présomption d'innocence. Dans le pire des cas, il pourra faire l'objet d'un rappel à la loi. Et puis, une fois blanchi, sa posture de martyr l'autorisera à solliciter, dans le département de l'Essonne, des adhérents locaux de son parti d'abord, des électeurs de base ensuite, la confirmation plébiscitaire de son impunité.

Comme toute novation, on peut lui trouver des analogies antérieures. La nuance ne réside que dans une différence de degré. Par exemple, un Mellick à Béthune, ou un Roland Dumas, ou encore un Balkany à Levallois étaient passés, quand même par des purgatoires judiciaires voire pénitentiaires. L'épreuve surmontée, on les a retrouvés plus forts. Indéboulonnables. Au même titre, on apprend que le super justiciable Chirac, autrefois considéré comme super menteur, détiendrait (1) le record de popularité dans la patrie de Fouquier-Tinville.

Aucun cependant ne pouvait se prévaloir de la qualité de petit-fils d'horloger.

À tous ces hommes, on doit reconnaître un rôle de pionnier. Et la question de l'évasion fiscale mériterait de trouver, grâce à leurs exemples méritoires, un début de solution : retenons à ce sujet, en effet, la distinction traditionnelle et néanmoins fort utile, entre fraude et évasion. Cette dernière par définition résulte d'une application judicieuse, quoique paradoxale, pour ne pas dire abusive de la loi.

Or, toutes les grandes entreprises se font fort de pratiquer, le plus légalement du monde, ce qu'on appelle "l'optimisation fiscale." Les assemblées générales et les conseils d'administration sont supposés applaudir aux actes de gestion permettant au groupe de payer moins d'impôts. Ceci suppose une seule condition. Les lecteurs de l'admirable "Voleur" de Georges Darien le savent en effet. Ce livre fort instructif donne une clef du Bien et du Mal. Je la considère comme prémonitoire de notre société. Doit être tenu pour moral ce que le Code pénal ne réprime pas, et laisse en blanc. L'important surtout consiste en une non-capture. Règle d'or : ne pas se faire prendre.

De la sorte nous suggérons à M. Dray, petit-fils d'horloger, de montrer à ses concitoyens et à ses électeurs l'exemple d'un placement financier dans la patrie emblématique de l'horlogerie : la Suisse.

Voilà qui, peut-être, contrariera M. Woerth. Mais pour un courageux opposant comme Julien Dray rien ne saurait le faire reculer.

À défaut de pouvoir être présentée pour innovante, en effet, cette démarche se révélerait judicieuse. En cette période de capitalisme de casino, certains diront, à tort, qu'une opération de placement sur un compte à numéro relève de l'archaïsme.

On cite parfois l'année terrible 1934, à partir de laquelle, la Confédération permit aux victimes de la persécution hitlérienne de mettre, en partie, leurs avoirs à l'abri. On omet en général de citer l'antériorité de l'Église de France dont le financement était devenu entièrement illégal du fait de la persécution laïciste de 1905. (2)

En notre époque de turbulences financières en effet, le placement en francs suisses bénéficie de la meilleure des garanties, celle d'une monnaie traditionnellement et largement garantie par une très forte encaisse-or. Globalement d'autre part, une fois purgée de quelques moutons noirs, certes imprévus, comme Swissair et UBS, l'économie suisse repose sur des valeurs sûres comme la chocolaterie, l'assurance, la pharmacie, la mécanique de précision, une coutellerie de qualité et diverses activités à haute valeur ajoutée. Les effets des campagnes récentes de dénigrement islamiste sont demeurés beaucoup plus limités que ne l'imagine le parti des lèches-babouches. Elles créent une véritable et profitable opportunité pour l'investissement dans la Confédération hélvétique.

Julien Dray, s'il dispose de quelques liquidités, n'ignore certainement pas la licéité de tels transferts de capitaux. La fraude ne résiderait que dans la non-déclaration. Cette hypothèse semble, bien entendu, inimaginable. La dissimulation ne correspondrait sûrement pas au caractère entier, et même extraverti, qu'on lui connaît. Ajoutons d'ailleurs que cet avant-gardiste se trouverait certainement alors le seul homme politique de l'Hexagone à investir de la sorte, publiquement du moins.


Une confuse communication a été opérée ces derniers temps autour de l'élégant recel par l'État français de documents volés à la banque HSBC. Mais personne n'a jamais pu imaginer qu'un quelconque membre du gouvernement ou de l'opposition aurait pu figurer dans cette prétendue liste de 3 000 noms qui, paraît-il concernerait tout au plus une dizaine de fraudeurs, tout en ayant fait frémir des centaines de froussards. Juré. Craché.

JG Malliarakis

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