L'opposant pro-russe et candidat à la présidentielle ukrainienne Viktor Ianoukovitch, le 17 janvier 2010 à Kiev.

Favori de longue date, M. Ianoukovitch obtient sans surprise le meilleur score, avec 36,86% des voix, selon les résultats officiels portant sur 50,36% de bulletins dépouillés.

Il devance d'environ 12 points Mme Timochenko qui recueille 24,31% des suffrages, selon ces résultats partiels publiés par la Commission électorale centrale.

Il paraît donc à même de prendre sa revanche sur ceux qui l'avaient humilié en 2004 en invalidant pour fraudes massives sa "victoire" présidentielle, lors du vaste mouvement populaire pro-occidental resté dans l'Histoire sous le nom de Révolution orange: M. Iouchtchenko et Mme Timochenko.

Connue pour sa combativité, Ioulia Timochenko a cependant estimé, lors d'une apparition publique dans la nuit de dimanche à lundi, que "M. Ianoukovitch, qui représente les cercles criminels, n'a aucune chance".

L'intéressé lui a rendu la politesse, estimant que sa rivale était apparue "au désespoir" lors de son intervention. "La journée d'aujourd'hui était un référendum (pour l'équipe "orange"). Ils ont reçu le jugement du peuple et ce jugement était juste", a-t-il ajouté.

De fait, la pilule est particulièrement amère pour le président Iouchtchenko, éliminé dès le premier tour après être arrivé en cinquième position avec seulement 4,87% des voix.

Ses compatriotes ne faisaient pas mystère ces derniers mois de la profonde déception qu'ils ressentaient à l'issue de sa présidence. Ils désapprouvaient notamment les crises politiques à répétition qui l'opposaient à Mme Timochenko et les vives tensions avec Moscou.

La troisième place revient à l'ex-banquier Sergui Tiguipko, qui a récolté 13,08% des suffrages et la quatrième à Arseni Iatseniouk (6,8%).

Quel que soit le vainqueur, il n'aura pas la partie facile pour relever un pays en mal de stabilité politique et malmené par la crise, sous perfusion financière du Fonds monétaire international depuis plus d'un an.

Après avoir tourné le dos à Moscou sous M. Iouchtchenko, l'Ukraine devrait en revanche revenir à une politique "d'équilibre d'intérêts" entre l'Occident et la Russie, estiment de nombreux analystes.

Les deux candidats sortis en tête dimanche prônent un rapprochement avec l'UE - même si la porte de l'adhésion n'est pas pour l'heure ouverte - tout en ménageant Moscou.

"Les deux candidats conviennent à la Russie autant pour qu'on puisse déclarer que la guerre diplomatique (entre Moscou et Kiev) est finie", écrit lundi le quotidien russe Nezavissimaïa gazeta.

"Une fois élue au poste présidentiel, Timochenko comme Ianoukovitch essayeront de faire tout leur possible pour normaliser les relations avec la Russie", estime-t-il.

"...Timochenko ou Ianoukovitch, de toute façon les relations entre Moscou et Kiev deviendront plus constructives", a déclaré Konstantin Kossatchev, chef du comité des relations internationales à la Douma (chambre basse du parlement russe), cité lundi par le quotidien officiel Rossiïskaïa gazeta.

Le vote s'est déroulé globalement dans le calme, à l'exception d'une polémique sur des observateurs géorgiens à Donetsk, fief électoral de M. Ianoukovitch.

L'un des candidats malheureux, Volodymyr Litvine, a toutefois fait savoir qu'il ne reconnaissait pas ces élections jugées "non-démocratiques". M. Iatseniouk a également indiqué qu'il n'excluait pas une action en justice si des fraudes étaient avérées.

La participation a atteint 66,68%, selon la Commission électorale centrale. Les premiers résultats officiels significatifs sont attendus lundi à 08H00 GMT.

 

AFP