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30 mars 2007 5 30 /03 /mars /2007 00:40


Beaujolais : Havva, fille du feu


Cour d'assises du Rhône. La jeune femme avait tenté d'immoler son amant à Saint Forgeux. Près de deux ans auparavant son précédent ami avait failli connaître le même sort à Villefranche

Ce n'est pas une de ces diaboliques qui entrent dans le panthéon du crime et y laissent leur empreinte en raison de leur forte personnalité. Havva Esen, 33 ans, est comme une toute petite fille perdue dans son pull mauve avec pour seule défense un sourire d'enfant. Mais c'est aussi une redoutable amoureuse ne supportant pas la rupture, prête à immoler ses passions au propre comme au figuré. Jean Philippe porte sur son corps les stigmates de ce désespoir depuis Juillet 2004. A côté, Jacques a plus de chances lorsqu'en février 2003 il a échappé au jet d'alcool modifié et à l'allumage du briquet peut être parce qu'il a eu le réflexe de se retourner au bon moment.
Le feu demeure le fil rouge de cette existence faite de frustrations et de quête éperdue. Après l'incendie du commerce de son père dans un petit village au nord d'Antalyia en Turquie en 1982, le couple rejoint la famille dans le Beaujolais. Havva a alors 8 ans. Avec une rapidité étonnante elle apprend le français et devient le lien entre le pays d'accueil et ses parents. Des parents qui ne transigent pas avec la culture ancestrale et plus la fillette semble s'intégrer, plus le père et la mère se figent dans le bloc glacé des traditions.
Impossible de fréquenter des petits copains, de sortir, inimaginable de vivre à l'occidentale comme les petites copines de l'école qui commencent à s'émanciper. Havva, elle reste, sur le bord de cette route fleurie qu'est l'adolescence. Elle est loin d'être sotte et passe un BEP puis un Bac technique et s'inscrit même en fac de droit à Lyon. Mais sa recherche à elle c'est une soif d'absolu : aimer et être aimée intensément.

L'amour à mort

Bravant les interdits familiaux, surmontant ses dépressions et ce mariage arrangé au pays, elle parvient à nouer deux relations importantes à compter de 2002 tout d'abord avec Jacques qui submergé par cette passion auquel il ne parvient pas à adhérer finit par rompre et un peu plus tard avec Jean Philippe qui traverse une grave crise conjugale et réchauffe son coeur meurtri auprès de cette jeune femme toujours aimable souriante, attentionnée. Mais comme Carmen, Havva pourrait entonner le célèbre : « prends garde à toi, si tu ne m'aimes pas je t'aime ». Alors lorsqu'au bout de quelques mois, Jean Philippe lui fait comprendre qu'il compte retrouver sa femme et son enfant, c'est l'explosion. Tandis que l'homme est assoupi sur le canapé, elle l'arrose d'alcool et y met le feu. Il ne doit sa survie qu'à sa forte constitution. « Je voulais me tuer et l'emmener avec moi pour que personne ne nous sépare » confesse Havva. La même phrase prononcée 18 mois plus tôt avec Jacques. Reprise des débats à 9H30.

Michel Girod

Le progrès.fr

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