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16 janvier 2008 3 16 /01 /janvier /2008 10:08

Comment dépasser le souvenir des violences entre catholiques et protestants ? Une commission mise en place en 2007 pour réfléchir à cette question pourrait révéler l'ampleur des collusions entre l'armée britannique et les paramilitaires.

Belfast, 1996
AFP
Les unionistes [protestants] doivent s'attendre à un choc lorsque sera révélée l'ampleur des liens qui ont existé entre les forces de sécurité et les paramilitaires, IRA y compris. Des sources proches de la Commission consultative sur le passé se disent stupéfaites par les informations recueillies par les membres de cette instance chargée de faire des recommandations sur la manière de tirer un trait sur les "troubles" [nom donné au conflit qui a opposé nationalistes catholiques et unionistes protestants en Irlande du Nord de 1969 à la fin des années 1990]. La commission doit aussi trouver le moyen d'obtenir des aveux des paramilitaires et des membres des forces de l'ordre qui ont enfreint la loi – et qui pourraient ainsi bénéficier d'une amnistie.

Mise en place en 2007 et présidée par Lord Eames, ancien primat de l'Eglise d'Irlande, et par Denis Bradley, ancien chef adjoint de la police nord-irlandaise, la Commission consultative sur le passé doit rendre ses recommandations dans le courant de cette année. Elle a tenu le 7 janvier sa première réunion publique à Belfast, après avoir organisé une série de réunions privées de haut niveau et étudié les résultats des investigations menées dans le cadre de l'enquête Stevens sur d'éventuels liens de collusion. Elle devrait aussi rencontrer prochainement des dirigeants de groupes paramilitaires.

Les membres de la commission envisagent de faire figurer les recommandations suivantes dans le rapport qu'ils doivent remettre l'été prochain au gouvernement britannique :
– instaurer un processus de recherche de la vérité qui permettrait aux personnes impliquées dans des meurtres non élucidés de révéler les faits sans craindre d'être poursuivies ;
– demander aux principaux acteurs du conflit – dont le gouvernement, les forces de sécurité et les groupes paramilitaires – de présenter des excuses pour les torts qu'ils ont causés ;
– élaborer un projet de pacte en vertu duquel les gens s'engageraient à ne pas recourir à la violence dadns l'avenir ;
– faire de l'"équipe d'enquêtes historiques" [créée en 2005 pour faire la lumière sur plus de 3 000 meurtres non élucidés] une instance indépendante de la police d'Irlande du Nord, et élargir le champ de ses investigations de manière à ce qu'elle couvre toute la république d'Irlande ; l'autoriser à avoir recours à d'anciens paramilitaires pour se procurer davantage de détails sur les meurtres commis ;
– créer une base de données audiovisuelle des témoignages recueillis pendant le processus d'établissement de la vérité. [Le groupe pourrait également proposer que le gouvernement britannique utilise le mot de "guerre" plutôt que l'euphémisme "troubles"].

D'ici à fin janvier, la commission aura rencontré 90 groupes, mais il semble que sa proposition de créer une entité similaire à la commission Vérité et réconciliation mise en place en Afrique du Sud au sortir de l'apartheid n'ait pas rencontré un grand succès. Selon certains échos, de nombreuses victimes se seraient lassées des enquêtes publiques telles que celle sur le Bloody Sunday [en janvier 1972 à Londonderry-Derry, quatorze manifestants pacifiques avaient été tués par des tirs de l'armée britannique] et des procès sur des assassinats controversés.

Si, dans son rapport, la commission consultative recommande un processus de recherche de la vérité, ce sera un modèle propre à l'Irlande du Nord. Selon une source proche, la question de l'amnistie est un "sujet extrêmement délicat", qui pourrait avoir d'importantes implications juridiques. "Il faut créer un contexte dans lequel les gens ont moins de difficultés à raconter leur histoire à visage découvert."

David Young et Chris Thornton
The Belfast Telegraph

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