En Autriche on ne badine pas avec la gastronomie et en particulier avec la charcuterie, comme le prouvent les quatre nouvelles stars roses de la toile: Piggy, Lilly, Pauli et Fredi, porcelets héros du dernier reality show "Pig Brother" lancé lundi.
Pendant six semaines, ces petits cochons seront suivis dans leurs moindres faits et gestes 24 heures sur 24 par une batterie de caméras dans leur porcherie à Helfenberg dans le nord de l'Autriche. Les images retransmises en direct sur l'internet permettront aux internautes d'élire chaque semaine un "Super Cochon" sur la base de ses performances dans des olympiades porcines et l'évolution de son tour de taille.
Car cette "porc story", avec publication du journal "intime" de Piggy la diva, Lilly la sympa, Pauli le philosophe et Fredi le téméraire sur le site www.pigbrother.at, n'est qu'un avant-goût du troisième "speck (mot allemand pour lard) festival" organisé début juin par la commune de Helfenberg pour la promotion de ses spécialités locales.
L'internaute gagnant de l'élection du "Super Cochon" remportera, cela va de soit, un panier de ... cochonnailles locales et des billets d'entrée pour le "Festival du lard", selon le site qui ne dévoile cependant pas le sort réservé aux quatre petits héros de "Pig brother".
AFP
Parmi les grandes figures mythiques qui donnent à l’Europe son âme immémoriale, le cerf tient une place royale. Car il est souverain, le grand cerf peint dès le paléolithique sur les parois de Lascaux, gravé sur les ossements de Lortet, dans les Pyrénées.
Peinture rupestre - Lascaux
Le grand préhistorien André Leroi-Gourhan, disparu récemment, a noté que dans les gisements paléolithiques, parmi les dents d’animaux préparées pour la suspension par une gorge ou une perforation à l’extrémité de la racine – ces "croches" sont portées autour du cou, en pendeloque – on trouve 25 % de canines de cerf. Ceci aussi bien en France qu’en Espagne, Allemagne, Moravie et Union soviétique. "Elles apparaissent dès le Châtelperronien et se retrouvent partout jusqu’au Magdalénien, leur emploi se prolonge d’ailleurs jusqu’à nos jours où elles constituent encore un trophée très estimé. Elles semblent avoir été précieuses à un tel point que, dès l’origine, on en rencontre des copies nombreuses découpées dans l’os ou l’ivoire ou évoquées par de petits galets de même forme." Le cerf est symbole de virilité dès le Paléolithique supérieur et, "dans les cavernes ornées, il se range parmi les animaux assimilés à des symboles mâles" (Les Religions de la préhistoire, PUF, 1971).
Le bâton de Lortet (Hautes-Pyrénées)
"Cerf et Saumons"
De l’Italie à la Suède, les gravures rupestres de l’époque protohistorique associent souvent le cerf à des symboles solaires. C’est ainsi le cas au Val Camonica, où de multiples représentations de scènes de chasse exaltent le cerf, en hardes ou isolé. Mais la chasse prend une dimension sacrée. "Nous avons là, écrit Jacques Briard, l’évocation du rite noble de la chasse, mais aussi du caractère sacré du cerf, symbole mâle et cornu, essentiel dans la religion de cet âge. La taille imposante de certaines représentations de cerfs et le fait qu’on rencontre aussi des figurations d’hommes-cerfs le confirment. Ce n’est plus l’animal chassé, mais le dieu-cerf" (L’Age du Bronze en Europe barbare, Hespérides, 1976).
Gravure rupestre - Val Camonica (Italie)
Le cerf, image de puissance et de fécondité, donc de vie, est aussi un animal psychopompe – c’est-à-dire conducteur des âmes des morts. Ce qui n’a rien de paradoxal dans une perspective païenne, où la vie et la mort ne sont que deux moments, deux maillons dans l’éternelle chaîne de l’Etre. D’où la présence de bois de cerfs dans les tombes – pratique qui se maintiendra au haut Moyen Age, comme l’ont montré les travaux archéologiques d’Edouard Salin sur les sépultures d’époque mérovingienne. Des squelettes de cerfs ont été retrouvés dans des cimetières en Normandie, en Suisse, en Angleterre. Des phylactères (talismans) ont été aussi mis au jour : médaillons en bois de cervidés, portés en pendentifs ou cousus sur les vêtements, ils étaient très en vogue tant chez les Gallo-Romains que chez les Germains. Le bois de cerf est porteur de renaissance (sur l’animal, il est rajeuni chaque année) et de fécondité (sur certaines rondelles un phallus est gravé). Il est relié à la force solaire : les médaillons des cimetières de Schretzheim et de Schwarzrheindorf (Allemagne), de Papiermühle (Suisse), d’Audincourt (France) sont décorés de rosaces et de cercles oculés ; à Sainte-Sabine, en Bourgogne, un médaillon était incrusté de 13 rondelles d’or.
Symbolique solaire
Dans les mythologies européennes, le cerf est omniprésent. Plusieurs bas-reliefs d’époque gallo-romaine montrent le dieu Cernunnos, le dieu-cornu (le christianisme médiéval en fera la figure diabolique par excellence) : dispensateur de fécondité et de richesse, il tient une bourse en cuir d’où coulent les pièces d’or. Chez les Germains, dans la forêt de Glaser, proche du Valhalla, le cerf Eikthyrnir, dont les ramures s’apparentent aux branches du chêne, est comparé à l’Arbre de Vie.
Yggdrasil, l'Arbre du Monde
Comme pour bien d’autres mythes et symboles, l’Eglise a voulu tout à la fois rejeter la haute figure du cerf dans les ténèbres sataniques et la récupérer, en l’intégrant dans la galerie des saints – cette forme si populaire de la religiosité médiévale. D’où la légende de saint Hubert, où l’on retrouve le thème bien connu de la Chasse Sauvage (voir Jean-Jacques Mourreau, La Chasse sauvage, Copernic, 1972) : la croix lumineuse qui brille entre les bois du cerf est le substitut chrétien du soleil païen.
La Chasse sauvage - Franz Von Stuck, vers 1889
Aujourd’hui, la forêt d’Ardenne abrite ce haut lieu du monde forestier qui s’appelle Saint-Hubert – petite ville envahie par les touristes mais où flotte, non sans un certain charme, le subtil parfum d’un syncrétisme pagano-chrétien, dont prend immédiatement conscience le visiteur averti.
C’est dans les forêts entourant Saint-Hubert que Jean-Luc Duvivier de Fortemps est parti à la rencontre du grand cerf, auquel il voue, à juste titre, un véritable culte. En se fondant dans le milieu, le cadre de vie de celui qui est "mi-bête, mi-forêt", comme disait Ronsard. Et pour étudier ce rite essentiel de la vie du cerf qui s’appelle le brame. Moment d’exaltation, où le cri du cerf, précédent le rut, est tout à la fois défi aux éventuels rivaux, affirmation de soi, appel et célébration de l’éternelle loi de la vie. Jean-Luc Duvivier de Fortemps, parce qu’il appartient à cette race d’hommes qui sait communier avec les forces élémentaires, les forces divines dans lesquelles baigne l’initié au cœur des forêts, a rapporté de ses errances un grand livre, où de somptueuses photos viennent éclairer, magnifier, un texte inspiré (1).
Saint-Hubert, patron des chasseurs.
Nous suivons avec lui, à la trace, les déplacements des cerfs. Nous respirons les fortes odeurs qui imprègnent le sous-bois. Nous foulons l’herbe humide de la rosée de l’aube et les lisières que vient enflammer le soleil couchant. Nous assistons, enfin, au rite nuptial, solennel et violent, qui bouleverse la forêt. Puis celle-ci retrouve sa sérénité. La célébration des "mystères du brame" est terminée. Jean-Luc Duvivier de Fortemps en a été un témoin attentif et respectueux : "Durant ces quelques semaines merveilleuses, inoubliables, je vis hors du temps et des choses, loin du tumulte des villes, et des hommes. Toujours, je vivrai dans l’attente du brame."
En écrivant son livre, il a fait acte de piété. Je l’ai lu avec recueillement. Car c’est un livre proprement religieux. Je ne saurais faire de plus grand hommage.
Pierre VIAL
Eléments – N°57-58 – Printemps 1986
LE TOUQUET (France) (AFP) — Les rois de France se sont installés samedi jusqu'au 30 août sur le front de mer du Touquet (nord), grâce au talent d'habiles sculpteurs de sable venus du monde entier pour faire revivre 1.400 ans d'Histoire de France.
Regroupées sous des pavillons pour se prémunir des aléas climatiques, les quelque 130 sculptures illustrent quatre grandes périodes: le Moyen-Age, la Renaissance, la monarchie absolue des Bourbons et "de l'Empire à la République".
Après la réalisation d'un coffrage pour durcir le sable de chaque sculpture à naître, le plus difficile, pour les 24 artistes sélectionnés, est de transformer "un simple visuel en une oeuvre en trois dimensions", selon Benjamin Probanza, sculpteur mexicain.
Le chantier s'étale sur quatre semaines, dont une douzaine de jours de travail pour les sculpteurs, qui utilisent 2.000 tonnes de sable provenant d'une carrière proche de Bruxelles.
Outre sa couleur ocre, ce matériau, "contrairement au sable que l'on trouve sur les plages, n'a pas subi l'érosion du temps", explique Cécile Leblanc, coordinatrice artistique.
D'où quelques prouesses techniques, comme une reproduction du château de Chenonceaux ou de Hugues Capet brandissant fièrement son épée à cheval.
Derrière la majesté des souverains se cachent aussi des scènes plus pathétiques comme cette salle de torture dont les victimes, aux yeux exorbités, évoquent le scandale des brus de Philippe Le Bel, reconnues coupables d'adultère.
Cette exposition met également en lumière les différences d'éducation artistique, d'un pays à l'autre.
Ainsi, Russes et Ukrainiens, "s'appuient sur leur technique pour s'exprimer" et ont besoin d'un modèle, selon Jaap Cast, responsable de la société Artitium, qui organise cet événement depuis trois ans, alors que les Américains sont selon lui, "peut-être plus créatifs".
L'édition 2008 avait accueilli près de 150.000 visiteurs.
CULTURE - Une cinquantaine de musées et une centaine de monuments nationaux sont concernés par la mesure, annoncée en janvier par Nicolas Sarkozy, qui commence samedi...
Enquête après enquête, la baisse du nombre de locuteurs en breton se confirme, la disparition des anciens ayant appris la langue en famille n'étant pas suffisamment compensée par l'arrivée des jeunes formés à l'école bilingue.
Selon un sondage réalisé par l'institut TMO et dont les résultats ont été publiés cette semaine à Rennes, 172.000 personnes parlent actuellement le breton contre 246.000 il y a dix ans, lors du dernier sondage.
"Nous avons perdu 80.000 locuteurs pour cause de décès et gagné seulement 9.000 nouveaux locuteurs", explique Fanch Broudic, auteur de "Parler breton au XXIe siècle", ouvrage qui rassemble et analyse les résultats de cette étude.
Selon les projections, dans dix ans, le nombre de locuteurs serait de 122.000, poursuit-il, soulignant que l'expression à la mode est "la hantise de la disparition du breton".
"On sait que le nombre de locuteurs diminue et va continuer à descendre, c'est mathématique", confirme Philippe Jacq, directeur de l'Office culturel de la langue bretonne, fondé par la région avec le soutien de l'Etat pour promouvoir la pratique du breton.
Grâce aux écoles bilingues Diwan, qui ont fêté leur trente ans en 2007, "nous avons de nouveau des jeunes qui parlent le breton", se félicite M. Jacq.
Mais les 12.000 élèves recensés dans les écoles bilingues sont en deçà de l'objectif de 20.000 pour la rentrée 2010, fixé par le conseil régional de Bretagne.
Globalement, 1,4% des élèves suivent une filière bilingue en Bretagne contre plus de 30% au pays basque, selon l'Office.
Pour les défenseurs du breton, le seul salut de cette langue, classée en danger d'extinction par l'Unesco, passe par les politiques publiques et la formation.
"Tout ce qui a été fait aujourd'hui a été porté par le mouvement associatif, mais il n'arrivera pas par lui seul à sauver la langue", explique M. Jacq. Il estime notamment qu'il faut "ouvrir 20 à 30 écoles par an".
Le Conseil régional de Bretagne a décidé de renforcer le système de bourses pour les futurs candidats aux concours d'enseignements bilingues, en considérant que "le manque d'enseignants formés est un obstacle" au développement de ces filières.
Il s'agit notamment de 40 bourses de 5.000 euros par an.
Motif d'espoir pour M. Jacq, les jeunes qui parlent breton "sont bien dans leurs baskets avec leur langue, ce n'est plus une punition".
"Avant on parlait breton, parce qu'on était né dedans, comme Obélix", alors qu'aujourd'hui les jeunes locuteurs "consomment des produits culturels, sont dynamiques, vont sur internet et les blogs en breton".
200.000 bretonnants "ce n'est pas un chiffre insignifiant et le breton se parle toujours" même si c'est occasionnel, insiste de son côté Fanch Broudic.
Selon le sondage TMO, seulement 35.000 personnes parlent le breton tous les jours. Parmi les bretonnants, 62% affirment savoir lire le breton, 37% disent pouvoir écrire le breton, tandis que 5% vont sur des sites en breton. Le profil type est une femme de plus de 60 ans habitant le Finistère.
Mais si le breton est de moins en moins parlé, les Bretons lui restent attachés: en janvier dernier, des propos d'un responsable de La Poste sur les difficultés des nouvelles machines de tri du courrier à lire les apostrophes bretonnes (Aber Wrac'h par exemple) ont suscité un véritable tollé.
AFP