L'abeille a sa place dans la fourmilière urbaine. Hier, c'est l'une des piqûres de rappel qu'a délivrées Henri Clément, président de l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf), venu pour la deuxième récolte du miel d'Angoulême, dans le cadre du programme « L'abeille, sentinelle de l'environnement ».
En 2007, la ville a mis en place six ruches à l'hôtel de ville, au Jardin vert et aux Espaces verts. À raison de 40 000 abeilles par ruche, ça représente tout de même la bagatelle de 240 000 ouvrières du miel. Depuis fin 2008, elles ont toutes été regroupées aux Espaces verts. Mais Françoise Coutant, adjointe au développement durable, a annoncé que la ville projette de les « replacer sur un site accessible au public ».
Contrairement aux idées reçues, les abeilles ne craignent pas la ville. Le miel urbain est même plus diversifié que dans certaines zones rurales. Dans celui d'Angoulême, des tests ont révélé des traces de châtaigniers, d'acacias, de marronniers, de tilleuls, de trèfles, mais aussi de... Chamaerops, un palmier nain !
Les butineuses d'Angoulême, qui se déplacent dans un rayon de trois kilomètres, se servent dans la flore urbaine et les jachères environnantes.
Les dizaines de curieux, et notamment les enfants, en vacances, qui se sont rendus au parc de Frégeneuil hier après-midi, ont pu assister en direct à la récolte.
La production des abeilles, une fois sortie de ses cadres, est placée dans l'extracteur à miel, sorte de centrifugeuse.
« Quand on offre un pot de miel, tout de suite ça ouvre le débat sur l'abeille. C'est un sujet qui intéresse », explique Josiane, habillée d'une vareuse blanche avec capuche intégrée. Apicultrice amateur à Angoulême, elle destine son miel à sa famille et à ses amis, mais ne le vend pas.
Treize kilos par ruche
Les questions autour de l'abeille sont nombreuses. Les inquiétudes aussi. Le nombre d'apiculteurs en France est passé de plus de 85 000 à moins de 70 000 en 2008, souligne l'Unaf. La production, elle, a chuté de 32 000 à 20 000 tonnes sur la même période. Pourtant l'insecte à miel joue un rôle important, par le biais de la pollinisation, dans la biodiversité.
« Une situation difficile due aux pesticides », mais aussi à la multiplication des monocultures, estime Henri Clément. Sans oublier les frelons d'Asie, importés accidentellement il y a quatre ans et qui prolifèrent maintenant du Sud-Ouest à la Bretagne.
Mais le président de l'Unaf ne veut pas céder au pessimisme. Il se félicite que l'abeille soit désormais au centre des questions actuelles alors qu'avant les apiculteurs étaient vus comme « gentils, mais passéistes ».
La récolte devrait rapporter environ treize kilos de miel par ruche. L'année dernière, elle avait été distribuée dans les maisons de retraite. Celle-ci servira pour les goûters des écoles. De quoi alimenter les futures questions des enfants sur les abeilles.
Sud Ouest