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"Ce qu'a fait Staline, notamment en tant que chef militaire suprême, l'a rendu immortel à tout jamais", a dit le chef du Parti communiste (PC) Guennadi Ziouganov, après avoir déposé des fleurs sur la tombe du Petit père des peuples, située sur la Place Rouge, derrière le mausolée de Lénine.
Près de 1.500 personnes ont participé à la cérémonie, selon la radio Echo de Moscou.
"C'est une cérémonie pour un bourreau (...) des peuples de l'URSS, une fête sur le sang des victimes", s'est de son côté indigné le leader du parti réformateur Iabloko, Sergueï Mitrokhine. "La propagande du stalinisme doit être interdite", estime-t-il dans une lettre ouverte publiée lundi.
Staline reste révéré en Russie pour son rôle dans la victoire des Alliés durant la Deuxième guerre mondiale, sa responsabilité dans la déportation et la mort de millions de Soviétiques ne faisant en revanche guère débat, notamment au sommet de l'Etat.
Une majorité de Russes (54%) admire aujourd'hui le leadership de Staline, et 8% sont d'un avis contraire. 58% des sondés affirment toutefois que la Russie d'aujourd'hui n'a plus besoin d'un dirigeant comme Staline.
"Des hommes politiques cyniques manipulent des vieillards et des gens qui confondent l'époque romantique de leur jeunesse avec le régime de l'époque", a déclaré lundi le représentant pour les droits de l'Homme auprès du Kremlin, Vladimir Loukine.
Fin octobre, le président russe Dmitri Medvedev avait déclaré qu'aucune raison d'Etat ne pouvait justifier les millions de victimes des purges staliniennes, dans une rare condamnation du dictateur soviétique.
"Bourreau ou Petit père des peuples?", interrogeait lundi la chaîne de télévision indépendante RenTV, avant de s'étonner que "de plus en plus de Russes lui pardonnent aujourd'hui plusieurs millions de victimes".
"Staline est un homme politique éminent, incomparable à ceux d'aujourd'hui", estime Dmitri Petrov, ingénieur de 50 ans venu rendre hommage à Staline à Saint-Pétersbourg dans la maison où le futur dirigeant avait vécu en 1917.
"On ne peut changer les choses qu'avec des méthodes dures. Et les changements ne peuvent pas arranger tout le monde", a-t-il expliqué à l'AFP.
Par ailleurs, une exposition "Staline: mythes et réalité" -- avec des photos, portraits et documents parfois inédits -- s'est ouverte lundi à Moscou.
"L'intérêt que portent les Russes à Staline est immense, parce que le leadership actuel n'a pu proposer aucune idée nationale et a conduit le pays dans l'impasse", estime son directeur Iouri Izioumov.
Le ministère de la Culture n'ayant pas donné son accord à une telle exposition, M. Izioumov, "membre du PC depuis 1960", l'a organisée grâce à des "donateurs", a-t-il dit à l'AFP.
Plusieurs centaines de partisans de Staline, originaire de Géorgie, se sont par ailleurs rassemblés lundi dans sa ville natale, à Gori (Géorgie).
Brandissant des drapeaux soviétiques, ils sont sortis de la maison natale du futur généralissime -- aujourd'hui un musée -- pour marcher vers la place centrale de la ville et déposer des gerbes devant le monument qui lui est dédié.
Parmi eux, le petit-fils de Staline, Evgueni Djougachvili, a dénoncé les attaques contre son aïeul, parfois présenté comme le pire dictateur du 20e siècle. "C'est terrible que certains mettent Staline et Hitler sur le même rang. Staline a été un libérateur, face à Hitler, agresseur et colonisateur des peuples", a-t-il dit à l'AFP.